dimanche 15 février 2009

" Le monde des brumes et du brouhaha"(43)


«Quand j’aperçus Démocrite entre les fourrés, je n’osais d’abord l’approcher.
Était-ce d’avoir vécu à la manière des ours qui l’avait rendu si repoussant?
Démocrite était devenu un véritable homme des bois, trapu, râblé, couvert de poils; ses yeux noirs luisaient, fanatiques, dans sa face noire et burinée. Il portait barbe et cheveux longs ; il semblait ne s’être ni lavé, ni rasé depuis des mois. Je notais l’habileté inquiétante de ses longs doigts, que la vie en forêt semblait avoir étrangement déliés ; et aussi la force de ses bras, la maigreur musclée de ses cuisses; mon ami philosophe avait le corps incroyablement agile d’un acrobate. On aurait dit quelque Arlequin à figure de diable, au masque noir.»

Anne Larue, Une vie de Démocrite


— Tout le temps que j'ai passé en lui restera pour moi un fantastique réservoir duquel jaillissent sans cesse des pensées totalement nouvelles pour moi. Il m'est presque impossible de vous décrire ce qui s'est passé. Je ne crois pas qu'il soit possible de vous faire ressentir cela par de simples mots ou même par les concepts les plus sophistiqués.
— Croyez-vous que cette expérience soit unique?
— Bien entendu, elle est unique. Mais ce qui est paradoxal est qu'en même temps elle est d'une grande banalité.
— Expliquez-moi, je vous prie.

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