mardi 17 février 2009

" Le monde des brumes et du brouhaha"(45)


Brusquement, le dialogue s'interrompt. Un silence pesant s'installe. Les contours disparaissent peu à peu. Les deux gouttes d'eau se rapprochent dangereusement. Un brusque sursaut leur fait prendre un peu de distance.
— Vous m'entendez?
— Que croyez-vous?
— Vous êtes là?
— Mais enfin, comment pouvez-vous en douter!
— Je ne sais pas.
— Que vous arrive-t-il? Vous me semblez bizarre. On dirait que, subitement vous êtes devenue autre. Je ne vous reconnais presque plus.
— Vous avez raison. Je sens que je redeviens ce que, finalement, en y réfléchissant bien, je n'ai jamais cessé d'être.
— Non, je vous en prie, laissez grandir en moi cet espoir qui, je le sens moi aussi, est en train de naître en moi-même.
— Je ne voudrais pas vous empêcher de rêver, mais nous ne sommes que deux misérables gouttes d'eau perdues dans un temps si limitée que nous aurions peine à le discerner si nous étions celui dont nous parlions.
— Ah, vous allez mieux, continuez je vous prie.
— Nous parlons d'un monde qui n'est pas plus le notre que le leur.
— Comment écrivez-vous "leur"?
— C'est un piège que de vouloir tout savoir.
— Le "leurre" est donc un piège. Votre savoir m'émeut. On voit que vous avez voyagé.

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