dimanche 3 novembre 2019

(3) Oubli


« L’homme n’est pas un pur esprit, l’homme n’est pas une machine à construire du savoir et surtout pas à avaler et stocker du savoir, le problème est bien là : pour l’épanouissement, pour ce que Nietzsche désigne comme le bonheur, qui suppose une manière de coller au présent, d’épouser le présent, il faut avoir un minimum de liberté, de légèreté, ne pas être écrasé par le poids du souvenir… C’est l’une des directions qui permettent de commencer à comprendre pourquoi Nietzsche valorise l’oubli. Nietzsche fait un rapport au modèle animal qui est très parlant: l’animal ne connaît pas les angoisses, les crises d’identité qui sont devenues le lot commun de l’homme contemporain et Nietzsche l’attribue notamment au fait que l’animal ne souffre pas de cette hypertrophie de la mémoire qui surcharge, paralyse les régulations vitales fondamentales... L’animal vit dans l’instant.»
    
Patrick Wotling





Extrait d'un cahier de Candide

Il est de l'oubli comme de toutes choses: paradoxe... aussitôt cité, aussitôt présent. Mais la présence peut prendre des formes si diverses ou si ténue que l'on peut se perdre. Ainsi l'oubli est-il une présence fantomatique, une de ces présences floues qui ne dit rien ou si peu et nous échappe... À jamais? Rien n'est moins sûr tant l'infini qu'évoque ce "jamais" est incertain, luis aussi. C'est pourquoi, infiniment, lettre après lettres, mot à mot, d'une ligne à une autre, d'une page à l'autre, dans mon cahier je note... avec l'espoir qu'un jour je comprendrais, non pas par le souvenir, mais par une présence nouvelle, ce qui, pour un instant dans l'ombre se cache, se crée et se meurt dans l'oubli...

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