mercredi 5 juillet 2006

Lecture du coq à l'âne


Voici, du rivage de Dia aux flots sonores, dirigeant ses regards vers Thésée, qui part avec sa flotte rapide, le cœur lourd de fureurs implacables voici Ariane : tout ce que voient ses yeux, ses yeux refusent toujours d'y croire ; et en effet, elle vient de s'éveiller d'un sommeil trompeur pour se retrouver abandonnée sur une plage solitaire, tandis qu'oublieux le jeune homme en sa fuite bat les ondes de ses rames, laissant ses vaines promesses au vent de la tempête.
Il s'éloigne et, depuis les algues, la Minoïde, aux grands yeux tristes, telle la statue de pierre d'une Bacchante, le fixe là-bas, hélas ! là-bas, et les chagrins la roulent, de leurs grandes vagues, elle ne retient pas la mitre fine sur ses cheveux blonds, elle ne dissimule pas d'un léger vêtement sa poitrine dénudée, elle n'enclôt pas ses seins de lait dans la courbe d'une écharpe ; tout a glissé de son corps ici, là : et les vagues salées en jouaient à ses pieds.

Catulli carmina, LXIV, 50 - 70
(55 - 52 av. J.C.)
Traduction H.Bardon, coll.Latomus

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