mercredi 26 juillet 2006

À l'aube de la vie


Comme le dit si sagement Merâne :
- Au théâtre de la vie, l'éducation commence au berceau, avant même que de savoir marcher droit. L'oreille doit se développer en premier, avant même que ne s'ouvrent les yeux ! Quand le rideau s'ouvrira vraiment, aux confins des cultures, il sera peut-être déjà trop tard ! Nul ne sait ce qu'elle entend par là, mais elle l'entend !
Ainsi chaque jour, au moment où les étoiles disparaissent, profitant de leur état fort réceptif, Merâne fait la lecture à sa portée. En fait elle ne lit pas, elle récite et improvise quelques fois. Ce jour-là elle récite fort doctement:
"Ceux qui condamnent la comedie, parce que
certains peres de l'eglîse l'ont condamnée,
ne sçavent pas qu'il y en a d'autres,
qui nomment les poëtes qui la composent,
des exemples de vertu, dignes d' honneur et de l'oüange :
et que cette diversité d'opinions, qu'on remarque
entre ces grands ânes, vient de la difference des poëmes,
dont les uns meritent une rigoureuse censure,
et les autres une glorieuse aprobation.
Et c'est enquoy ces injustes persecuteurs de la comedie,
font voir qu'ils ignorent esgallement, et ce
qu' elle estoit dans quelques uns des siecles passez,
et ce qu' elle est maintenant dans le nostre. Jamais deux
choses ne furent plus directement opposées ;
puis que l'une n'estoit que medisance et salletez,
et que l' autre n' est que pudeur et modestie.
De sorte, que la premiere estant coupable, et la seconde
innocente, il seroit injuste de les confondre, et de rendre
le chatiment commun, puis que le crime ne l'est pas." *

Vies, moeurs, éducation et destinée des baudets sauvages
A l'usage des sages et de ceux qui les croient bienheureux
Maître Desvilles
Publication interne de l'Académie "Des licous verts"
*Extrait de:
L'Apologie du théâtre
oeuvre de Georges de Scudéry (1601-1667), publiée en 1639
( dont un seul mot a été modifié )

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