jeudi 4 juin 2015

4 juin / Un certain bourdonnement




Auguste Perroquet est légèrement perturbé par la présence lancinante d'une certaine musique dont il ne perçoit pas la cause, qui vient, s'en retourne et revient sans cesse.
– Pensez-vous, cher Justin Perroquet, que le bourdonnement des moustiques vînt de la trompe ou du derrière.
– Qu'est-ce là pour un questionnement, vous avez été piqué?
– Point du tout. Il se trouve que je me trouve en plein questionnement et que, par ma foi, je ne trouve point de sujet qu'il ne faille traiter. Je voyais cet homme, assis sur son banc, plongé dans la lecture des "Nuées". Je me suis posé avec une extrême légèreté sur son épaule, de telle manière qu'il lui soit impossible de ressentir ma présence, et j'ai lu, moi aussi. Alors si votre science est celle que vous prétendez, répondez à la question.
– Aristophane fait dire à l'un de ses personnages "que l'intestin du cousin est étroit ; et que, à cause de cette étroitesse, l'air est poussé tout de suite avec force vers le derrière ; ensuite, l'ouverture de derrière communiquant avec l’intestin, le derrière résonne par la force de l'air.
Ainsi le derrière des cousins est une trompette. Trois fois heureux l'auteur de cette découverte ! Il doit être facile d'échapper à une poursuite en justice, quand on connaît à fond l'intestin du cousin." *



 – Vous comprendrez, cher Auguste Perroquet, que je ne puis m'attarder à répondre à votre question. Laissons là Aristophane. Je vous rappelle que nous sommes en plein milieu de l'histoire de Victor-Hugues.


– Auguste, cessez donc ces manières ! Nous ne sommes plus... enfin nous devrions... faire preuve d'un peu de tenue...

 Résumé :
Victor-Hugues discute avec son surveillant. Depuis quelque temps, il ressent, dans son dos, la présence d'un autre homme, muet jusqu'à présent et dont il ne perçoit pas le rôle.

Le surveillant :
– Je ne peux comprendre que si vous m'expliquez avec un peu plus de détails. Pour commencer, où se trouve cette porte ?
– Elle est là, sous vos pieds.
– Voulez-vous dire que ce sur quoi nous vivons est une porte ?
– Oui.
– Là, précisément où nous sommes... ou bien, où que nous soyons?





* Aristophane, Les Nuées

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