jeudi 27 août 2015

27 août / Une chambre vide ou un trésor



"Notre île est comme une chambre vide dont la plus grande partie serait inondée et dans laquelle nous ne pourrions plus que longer le mur du fonds en évitant, à rythme régulier, dans le meilleur des cas, de se faire inonder les pieds et, dans le pire, de se faire violemment emporter vers la partie immergée dont les murs se sont effondrés depuis si longtemps déjà. Vous le voyez, cher Joachim, je marche, je me parle et je vous écris. Je n'ai rien d'autre à faire ici et cependant n'allez pas croire que cela soit de tout repos. Par ailleurs dormir est un acte difficile qui demande, comme nous le savons tous un certain relâchement qui est presque impossible ici si bien que je dors peu. Trop peu. N'imaginez pas que cela soit un pur plaisir que de ne rien faire ou presque. Si certains jours la mer est chaude et accueillante c'est grâce au ciel qui lui est véritablement brûlant, au-delà des limites du supportable, il en d'autres où elle se montre d'une grande agressivité et le vent est si violent qu'il pénètre dans le moindre recoin de ma tête dont je longe le mur du fond, évitant, à rythme régulier...
À ce rythme j'explore... Hier j'ai découvert un trésor. Non que ce soit matières exceptionnelles ou précieuses au sens commun. Certes, ce que j'ai mis à jour est le plus banal des trésors, mais le plus banal ne devient-il pas exceptionnel lorsque nous n'avons rien d'autre? Surplombant la plage de quelques mètres, sur un rocher poli par le vent et les vagues, était construit un abri de fortune bien protégé par sa voile délavée qui le rendait invisible, et dans lequel était entassé tout le matériel d'un pêcheur. Sans doute a-t-il disparu avec la grande coulée qui nous a chassé et, je ne sais par quel miracle, cet endroit a été épargné."

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