samedi 29 août 2015

29 août / Une trace



Cher Joachim

L''âme des hommes et des femmes sont des entités compliquées, vous le savez mieux que quiconque, et savoir si toutes ces âmes pourraient vivre ensemble dans une certaine harmonie, sans parler d'harmonie tout court, me semble bien aléatoire. Et cet aléatoire, à son tour et par essence, me semble impossible à gérer. Vous le savez, Joachim, point n'est besoin de poules dans la basse cour pour que les coqs se prennent de bec!
Vous allez sans doute penser que je me perd dans certains rêves que nous avions en commun. C'est un peu vrai, comme il est vrai que la matière de nos rêves est bien peu susceptible d'être maîtrisée dans ce que nous appelons l'éveil. C'est dans cette ambition, ou l'ambition tout court, qu'a été constituée ce qu'il faut bien  appeler "notre erreur".
Croire à ce que nous appelions "notre image"... aujourd'hui encore me laisse songeur et, si nous n'en étions arrivé à ce que nous sommes, sans même compter ces batailles qui n'eurent d'autres mérites que de ressusciter celles, pleines de cris, de fureurs, d'imagination et de larmes, je pense à celles, bien lointaines, de notre enfance...
Comment eut-il fallu gérer ces moments délicats?
En prenant modèle sur ce qui était précisément la cause de cette situation où les divisions accédèrent à la lumière après être restées si longtemps d'une grande discrétion?
Je n'y croyais pas et, avec le recul des années, je n'y crois toujours pas.
En faisant table rase?
Certainement pas non plus.
Alors.. que nous restait-t-il comme possibilité? S’en remettre à nos autorités fondatrices? Certainement pas.
La question est bien aisée aujourd'hui que nous n'en avons plus aucune responsabilité. Il y aurait une réponse que nous n'avions, par orgueil, pas pu, pas su prendre en compte, et cette réponse est: l'humilité qui est, vous le savez bien,  la racine de l'humain...
Il faut que je vous quitte, cher Joachim, j'aperçois des traces sur la sable, là, juste devant moi... nous reprendrons cette conversation dès demain.
Pas de doute, sur le sable humide il y a des traces. Elles longent la falaise en direction des deux tours où nichent des colonies de moineaux. Est-ce leur monastère creusé dans la falaise ?
Ces empreintes, visiblement récentes, pourraient être celles de ce chien que j'ai cru entendre hier parmi les vagues. Il faut très peu pour revigorer la flamme et très peu pour effacer les traces du passé, en un seul mouvement une vague s'allonge et la plage est lisse comme une page blanche...

1 commentaire:

CR a dit…

Belle contribution.