mercredi 26 août 2015

26 août / Le plus longtemps possible


"Et puis il me plait, en cette période aussi agitée, de revoir ces images insouciantes où il suffisait de jouer pour que le monde s'organise selon nos humeurs. Quand est-il aujourd'hui ? Dans le fond, le jeu pourrait être le même, juste moins apparent et notre esprit moins joyeux. Il se peut aussi, cher Joachim, que j'exprime ainsi une sorte d'espoir. C'est ainsi aussi que je scrute la plage chaque matin, dans l'espoir d'y trouver quelque page perdue venue s'échouer là, à mes pieds. Quand cela arrive, je me penche, je mets un genou à terre et, la saluant au passage, je la lis avec lenteur et ferveur. Naturellement il est rare que le texte soit complet, alors sitôt après l'avoir relu, je me mets en quête de l'avant et de l'après. C'est ainsi que je me suis mis à écrire. Pour combler le manque d'avant et le manque d'après. Je recueille le moindre papier sur lequel je puisse écrire. Dans le fatras du pêcheur il y avait un crayon. J'en ai pris le plus grand soin et je ne le taille qu'avec la plus grande concentration de telle manière de ne rien perdre et, vu que je n'en possède point d'autre, qu'ainsi il dure le plus longtemps possible."

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