lundi 5 juin 2006

Miroir


En regardant un autoportrait, qu'il trouve ridicule, de son propre père, homme du peuple, homme d'affaire et comédien amateur "en armure", Don Carotte s'interroge sur le sens de sa propre démarche de"vrai" comédien. Il regarde avec tristesse cette canne qu'il connaît trop bien et se souvient de l'un des sonnets de Shakespeare que son père se plaisait à lui réciter avec emphase :
"Que ceux qui ont la faveur de leurs étoiles soient fiers d'honneur public et de titres pompeux, mais moi que "ma"* fortune prive de tels triomphes, m'advient joie imprévue en ce que j'honore plus.
Les favoris des princes étalent leurs pétales, comme la marjolaine sous l'œil du soleil, et en eux-mêmes leur orgueil est enseveli, ils meurent dans leur gloire sur un froncement d'œil.
Le guerrier pour ses grands travaux renommé, après un millier de victoires vaincu, il est rayé du livre de l'honneur, et tout est oublié pour quoi il a peiné.
Alors heureux je suis qui aime et suis aimé, où ne pourrais changer, non plus être changé."**

**154 sonnets (sonnet 25)
Shakespeare

* Le père de Don Carotte s'autorisait quelque légère distorsion par rapport au texte original. Quand il le lui faisait remarquer, il lui répondait avec une sévérité qui ne s'adressait pas qu'à lui, mais aussi et surtout à sa propre image qu'il regardait "par-dessus tout" dans son miroir :
-Ainsi je fais mien ce qui eût pu être à moi !..

La vie trépidante, ardue et amoureuse de l'ingénu Don Carotte
et de son fidèle compagnon "Ô Sang Chaud"
Lidane Liwl
Edition "Source sûre"

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