samedi 20 novembre 2010

Céleste paix

- Mon bon ami, dites toujours et craignez de me mentir ou de me confondre. Apprenez que si l'objet de mon courroux ne vaut plus grand chose et que la tristesse me gagne, je ne puis faire des conventions qui nous lient. Parlez sans honte et sans crainte, si votre cœur est pur et votre âme sereine, il ne peut rien vous arriver de fâcheux.
- Qu'il soit fait selon vos désirs, Sir. Ainsi ce matin, je vous le disais, me suis levé l'esprit tout guilleret tout occupé à mon engagement. Je ne puis vous cacher la joie que cet état fit naître en moi. Je marchais de long en large l'esprit tout occupé de cette juste cause quand tout-à-coup, brusquement je m'arrêtais. Une petite voix, inconnue de mes esprits, me tint à peu de choses ce langage:
- Qu'est-ce donc que cet engagement dont tu prétends jouir sans encombre?
- Foi d'homme sire, je n'aimais pas, je vous l'avoue, cette petite voix. Mais, si vous me passez l'expression, impossible de l'envoyer paître. Après tout elle n'avait pas tort et finalement, elle posait la même question qu'en secret je me posais. Pourtant je trouvais qu'elle prenait un peu trop ses aises en me questionnant sans ménagement. De plus, elle ne se montrait guère discrète. Après tout c'est de mon engagement qu'il est question. Et puis, surtout, elle avait rompu la céleste paix dans laquelle je m'étais levé et avec laquelle je me préparai à venir vous visiter.

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