jeudi 21 avril 2016

21 avril

Divine providence
 Épisode 102





– Ainsi, seriez-vous d'accord pour dire que l'obscurité ne se voit pas?
En tous les cas, moi, quand je suis en face de ce que l'on nomme l'obscurité je ne vois rien...
– Il se pourrait que cela soit dû à un manque...
– À quelle sorte de manque faites -vous allusion ?
– Voyez-vous, pour moi...
– C'est le cas de le dire... mais continuez...
– Pour moi... ce n'est pas parce que rien n'est discernable qu'il n'y a rien. Il se pourrait que...
 

J'hésitais fortement. Il me paraissait complètement déplacé d'utiliser le terme de mourir ou de mort à son égard. J'avais peur de me comporter comme un enfant. Comme je me posais ces questions, et, dans le même temps, je réfléchissais à réparer la déchirure de son bras ainsi que celle qui mettait son cœur à nu, son bras bougea. Un imperceptible mouvement que je mis sous l'influence du fait que je la manipulais. Le fait se renouvela. Je n'arrivais pas à me débarrasser d'un sentiment étrange et troublant. La raison me disait qu'elle ne pouvait bouger et pourtant je voyais sa main se tendre vers moi plus que le mouvement que je faisais ne pouvait provoquer.

La très véridique histoire du colonel Ortho
Aux éditions "Dans les périodes dites heureuses, seules les réponses semblent vivantes."*


* Maurice Blanchot

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