mercredi 6 avril 2016

6 avril (86)

Divine providence
 Épisode 86



Alors même que j'étais accroupis dans la position idoine, sans même que j'eusse à réfléchir, je sus ce que je devais faire. Sans plus attendre il fallait retrouver la trace de celui que le Colonel m'avait chargé de retrouver. J'étais soulagé. Je me souvenais dès lors de notre étonnant face-à-face. À ma grande surprise il m'avait déclaré sans ambages avoir un fils dont personne ne pouvait connaître le secret.
- On me l'a pris, manière impure et idoine corruption. Cela fait ombrage à mon humeur au point même que je songe à me retirer de la cour, et même du château...
Le Colonel, même de loin, sans qu'aucun détail ne puisse se voir, faisait peine à voir ou alors était-ce caché dans les replis de sa voix.
- Il faut que vous le retrouviez !
Il avait relevé la tête et ce faisant sa voix s'était raffermie au point que je me mis à tressaillir.
- Comment pourrais-je le reconnaître si personne ne l'a jamais vu ?
J'évitais de poser des questions trop directes. Je tressaillais toujours. Il me regardait, j'en étais sûr. L'ombre diffuse semblait se propager vers moi. J'espérais qu'il m'en dise plus sans que j'aie à le questionner. Je n'avais à ma disposition que trois questions et j'en avais déjà posé une sans obtenir de réponse.



"Ton affaire, c'est de jouer correctement
le personnage qui t'a été confié;
quant à le choisir,
c'est celle d'un autre."*

Sans perdre le fil de ma pensée, je me remis à l'ouvrage. Le temps pressait. Si je voulais profiter de la trace encore sensible que ma mémoire venait de tracer dans l'histoire, il me fallait agir vite. Tout peut en si peu de temps s'effacer... de plus, les vents me paraissaient favorables. Sans hésiter j'attachais à la flèche un morceau du tissus bleu que j'avais recueilli.

La très véridique histoire du colonel Ortho
Aux éditions "Nous saurons qui nous sommes quand nous verrons ce que nous avons fait."**

* Épictète
** Drieu la Rochelle

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