vendredi 21 juillet 2023

D’aplomb

 

« Toute cette histoire, a repris le juge, c’est d’abord la vôtre. Oui. Bien sûr. La mienne. Mais alors laissez-moi la raconter comme je veux, qu’elle soit comme une rivière sauvage qui sort quelquefois de son lit, parce que je n’ai pas comme vous l’attirail du savoir ni des lois, et parce qu’en la racontant à ma manière, je ne sais pas, ça me fait quelque chose de doux au cœur, comme si je flottais ou quelque chose comme ça, peut-être comme si rien n’était jamais arrivé ou même, ou surtout, comme si là, tant que je parle, tant que je n’ai pas fini de parler, alors oui, voilà, ici même devant vous il ne peut rien m’arriver, comme si pour la première fois je suspendais la cascade de catastrophes qui a l’air de m’être tombée dessus sans relâche, comme des dominos que j’aurais installés moi-même patiemment pendant des années, et qui s’affaisseraient les uns sur les autres sans crier gare. »*



– Je ne me souviens que du fait que Platon m'avait rejoint sur ma colonne en même temps que le grondement des vagues montait des profondeurs du gouffre. Cela avait eu un effet sur le comportement de Platon, je l'ignore. C'est ainsi que nous nous retrouvâmes «flottant » au milieu de l'océan. Cependant, nul ne devrait ignorer que les images sont trompeuses. La colonne sur laquelle nous étions juchés, loin de s'être effondrée, sous l’action de l'eau et des tourbillons qui se formaient, s'était, "comme par miracle" remise parfaitement d'aplomb...



*Tanguy Viel, Article 353 du Code pénal


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