samedi 22 juillet 2023

Réel

 
  
– « Qu’est-ce à dire, mon maître, sinon que par toute la largeur et l’épaisseur du Réel, par tout son Passé, par tout son Devenir, par tout ce que je subis et tout ce que je fais, par les servitudes, les initiatives, et l’œuvre même de ma vie, je puis vous atteindre, m’unir à vous, et progresser indéfiniment dans cette union ! » 

 Teilhard de Chardin

Personne, pas plus que moi, ne saurait dire où se dirige la narration des épisodes connus de la vie de Platon. Platon, le daemon, n'eut pu dire avec certitude que tel ou tel fait précédait celui qui pourtant, dans le récit, donnait clairement des raisons de croire observer une certaine forme d'enchaînement. On pourrait en déduire que cet enchaînement eût pu être mensonger, mais ce n'est pas le cas... D'abord parce qu’il en est ainsi de tout récit. En effet il n'en existe aucun qui soit totalement prévisible comme il n'existe aucune carte qui soit l'exacte réplique du territoire qu'elle est censée représenter. En ce cas le mot réplique devient aussitôt ambigu et cette petite confusion qu'il génère vient du fait qu'il porte, lui aussi, deux significations qui peuvent apparaître comme étant contradictoires. La première est justement une équivalence, une sorte de reproduction mécanique avec toutes les imperfections possibles, et l'autre, en ce cas beaucoup plus riche, une parole qui répond... Quand on donne la réplique à quelqu'un, cela signifie qu'il est pris en considération, même si l'on est en parfait désaccord avec lui. Comment l'histoire de Platon, lente et progressive suite de situations n'ayant aucuns liens évidents, était-elle devenue une histoire dans laquelle notre héros eut pu se reconnaître. C'est là un mystère, mais ce mystère est là tout le temps... en tous cas à chaque fois qu'une histoire se raconte...

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