L’oubli est la règle

 

Deux-cents-trente-huitième rapport de Don Carotte
Extrait du Grand Cahier Rose

Il est des choses qui occupent une place privilégiée dans nos pensées et il arrive bien souvent que nous ne le sachions même pas. Elles sont d’une réalité bien différente de celle que nous connaissons, et si nous n'en somme pas toujours conscient, elles n'en sont pas moins efficaces. Je dis nous en pleine connaissance de cause, et j'insiste sur ce fait car ce nous fait parties de ces choses qui occupent une place privilégiées... 

Pour en revenir à ma situation de fugitif et aux raison qui me firent tel que je suis aujourd'hui, j'avais appris, après bien des efforts à comprendre par quels chemins ils en étaient arrivé au point où je n'étais plus capable de les suivre. Je dis bien incapable de les suivre, car il était pour moi inconcevable de poursuivre sur la voie qu'ils semblaient ne pas voir et ne pas entendre. En ce qui concerne les mots que j’employais, personne ne semblaient les comprendre. C'était comme une musique qu'ils ne comprenaient pas: une langue étrangère. Certains pourtant n'étaient pas insensibles à "certains passages" de mes discours. Cela ne durait pas. Et puis, il arrivait, dans le meilleur des cas, c'est-à-dire exceptionnellement, qu’ils demandent , puis exigeaient, que je les traduise de telle manière que "cela entre" dans leur façon de parler. La plupart du temps ils oubliaient... L'oubli est la règle de certains d'entre nous, mais ne le leur dites pas... ils ne savent pas de quoi vous vous parlez, ils l'ont oublié...