lundi 4 mars 2024

Chaos

 

« Être souverain, c'est choisir par quoi on se laisse submerger.»

Peter Sloterdjik, Colère et temps


 

 
Dans le tourbillon tumultueux des songes, Ulysse, alors qu'il est en équilibre instable sur sa minuscule barque, se souvient comment il se trouva brusquement catapulté à bord d'un navire émergeant d'un océan d'encre noire. Les flots sombres, éclairés par des éclairs zébrant le ciel d'une lueur écarlate, semblaient déformer la réalité, chaque vague prenant des teintes tour à tour inquiétantes et envoûtantes. Le navire lui-même était d'une couleur indéfinissable, comme s'il émanait d'une autre dimension, oscillant entre le pourpre profond et le vert iridescent, défiant toute logique terrestre.
Alors que la tempête grondait avec une fureur déchaînée, Ulysse fut submergé par une confusion croissante. Les éclairs, d'un blanc éblouissant, rayaient le ciel obscur d'étranges couleurs, projetant des ombres dansantes à travers le pont du navire. Le vent, d'une violence inouïe, hurlait comme une bête affamée, tandis que la pluie, d'un bleu profond, s'abattait avec une force implacable, imprégnant l'air d'une atmosphère irréelle.
Dans ce tourbillon d'émotions et de sensations, Ulysse se sentit complètement désorienté, comme s'il avait été arraché à la réalité et plongé dans un monde parallèle où les règles qu'il connaissait étaient suspendues. Chaque éclat de tonnerre, chaque vague déferlante, semblait amplifier cette sensation d'étrangeté, créant un décalage de plus en plus marqué entre ce qu'il percevait et ce qu'il savait ou croyait être vrai.
Au milieu de ce chaos sensoriel, Ulysse se rendit compte que les couleurs elles-mêmes semblaient avoir pris vie, dansant devant ses yeux avec une intensité hypnotique. Les teintes vives et saturées, criardes par moments,presque  se mélangeaient dans un tourbillon chromatique, créant des motifs complexes et éphémères qui se dissipaient aussitôt qu'ils apparaissaient. C'était comme si le monde entier avait été plongé dans un kaléidoscope géant, où chaque sensation, chaque pensée, chaque émotion était amplifiée à l'infini, jusqu'à devenir une réalité à part entière, aussi tangible que le monde qui l'entourait.
C'est ainsi qu'il croyait être arrivé sur l'Archipel.

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