– Si quelque esprit curieux ou téméraire s’aventurait à pénétrer l’univers singulier du Colonel, ou le nôtre, il ne pourrait échapper à certaines pensées troublantes. Cet intrus, inexorablement, se heurterait à l’impression déroutante d’un monde cloîtré, où tout semblait s’écouler dans un autre registre de la réalité. Ce monde, il le percevrait comme une caverne insondable, et il verrait le Colonel lui-même tel un prisonnier, figé face à la paroi d’ombres mouvantes, incapable de tourner son regard ailleurs.
– Ces ombres, les siennes pourtant, dansaient au gré des mouvements confus de ses mains, éclairées par une flamme intérieure, comme une vérité qui brûle sans jamais éclairer pleinement. Mais qu’était cette lumière? Une illusion? Un rappel cruel des choses hors d’atteinte?
– Et si quelqu’un, animé par un zèle tragique, s’avisait de le libérer, de le guider vers l’entrée de cette caverne, il en douterait encore, pensa-t-il. Il se débattrait contre cette vérité, aveuglé par sa lumière soudaine, incapable de croire qu’il n’avait vu jusqu’ici que des ombres éphémères d’une réalité qui le dépasse.
– Et si ce même visiteur, s’avisait de nous libérer et de nous guider vers l’entrée de ce qu'il appelle caverne, en douterions-nous aussi? Nous débattrions-nous aussi, aveuglés par une lumière
soudaine? Serions-nous incapable de croire que nous n'avons vu, jusqu’ici, que des ombres
éphémères d’une réalité qui nous dépasse?
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