dimanche 26 novembre 2006

La très véridique histoire du colonel Ortho (31)


Si le Colonel avait pu connaître l'avenir, il se serait vu sur le ponton désert de son palais. Il aurait pu entendre les conversations qui commencèrent ce jour-là avec son chien. Il était loin de se douter qu'il vivrait là compteraient parmi les plus belles heures de son existence.
Le chien :
- On m'a dit que tu voulais redonner vie et espoir à humanité, quitte à te sacrer roi toi-même : comment pouvais-tu être assez fou pour oser de telles pensées?
Le Colonel :
- On a dit, on t'a dit, tu crois donc, toi, à ce qu'on dit ? N'étais-je pas plus que roi, ou dictateur, ou empereur ! Que m'importait le nom puisque j'avais la chose. Tout cela a déjà été dit. Le malheur est venu de ce que je n'ai pu m'en souvenir. Il eut fallu que je m'exprime plus clairement à propos de ce que j'attendais que l'on m'offrit : mon peuple me l'aurait accordé, et mes ennemis auraient fait des efforts impuissants pour m'abattre...
Le chien :
- Faisons silence, si l'heure est grave, mon maître, il n'est jamais trop tard pour bien faire. Abstenons-nous de toute parole indigne et mettons-nous en marche...
Curieusement, si le Colonel n'était guère surpris d'entendre son chien parler, il était stupéfait de la justesse de ses propos. Il se demandait comment un chien qui commence à peine de parler peut formuler sa pensée de façon aussi claire. Il en déduisit pour la première fois que quelque chose lui échappait dans l'ordonnance de son monde...

La très véridique histoire du colonel Ortho
Aux éditions "Ore favete omnes"

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