jeudi 16 octobre 2008

Obscurité


«La dernière place appartint à l'onde, qui, s'étendant mollement autour de la terre, l'embrassa de toutes parts.»

Ovide, Métamorphoses, Livre 1


Dans la main de l'enfant, une petite lumière vacille qui fait trembler son bras.
La cour dans laquelle Baruch était enfermé s'ouvrait vers le ciel. De lourds nuages se reflétaient dans les petites flaques irisées et se mêlaient aux odeurs âcres de la poussière humide, des matériaux à moitié décomposés et des fluides aux origines inconnues.
- Il va pleuvoir. Sans abri, à la merci du ciel, il va falloir que j'accepte l'invitation de Julius.
Baruch, en se contorsionnant péniblement, entre dans l'obscurité du soupirail. Au passage son manteau se déchire et l'un des barreaux corrompu par la rouille, se rompt. Une profonde entaille, court de la poitrine jusqu'au nombril. C'est à moitié nu et les mains pleines de sang qu'il entre dans l'obscurité.
- Mon sang ne circule plus qu'à l'extérieur pendant que l'intérieur se vide et retourne à la terre.
Ses jambes se dérobent. Il s'accroupit retenant de ses mains une part invisible de lui-même.
- À mes pieds je me répands.
Le sang, miroir rougeoyant lui renvoie son image.
- Elle ne saurait être vue sans qu'elle annonce une fin prochaine.

Aucun commentaire: