dimanche 12 octobre 2008

Pièges


"Le soleil ne prêtait point encore sa lumière au monde ; la lune renaissante ne faisait pas briller son croissant : la terre, que l'air environne, n'était point suspendue et balancée sur son propre poids ; et la mer n'avait point encore étendu autour d'elle ses bras immenses ; l'air, la mer et la terre étaient confondus ensemble : ainsi la terre n'avait pas de solidité, l'eau n'était point navigable, l'air manquait de lumière ; rien n'avait encore reçu sa forme distincte et propre."

Ovide, Les Métamorphoses


- Monsieur, nous avons fait quelques recherches à votre sujet. Il nous est apparu, malgré quelques zones d'ombre, que vous ne vous appelez pas Ante Penúl, mais Baruch. Baruch Descartes. Vous êtes le fils de Bethsabée Affinius, jusqu'à ce jour inconnue de nos services, et de Baltazar Chartaphilos, fils de l'illustre facteur Benedictus, fondateur de notre État et que tous ici nous portons en notre cœur. Vous avez grande chance d'en être le descendant. Nous possédons un dossier si convainquant qu'il ne laisse guère de doute à ce propos. Il nous reste à faire la lumière sur quelques zones obscures de votre histoire. Pendant que nous œuvrerons pour votre bien, et le nôtre, vous serez assigné à résidence. Ceci ne devrait pas être considéré comme une condamnation, mais comme une chance à saisir...
Ante Penúl n'en croit pas ses oreilles. Le voilà affublé d'un nom nouveau tout droit sorti d'un néant dans lequel il peine à trouver un chemin.
Enfermé dans un taudis. Oublié du monde des vivants, Baruch, puisque tel est désormais son nom essaie vainement de s'y retrouver. L'aube s'est levée sur les vestiges d'un royaume poussiéreux.
- Ce ne peut être pire que le chantier duquel j'ai été emmené par un homme que j'ai fini par tuer.
Ses pieds et ses mains sont liés. Une grosse corde est nouée autour de lui. Devant lui, laissés à l'abandon, s'étalent les restes oubliés et branlants de ce qui pouvait avoir été un atelier. Sous la poussière gisent encore quelques outils.
- Je dois supposer que mon piège a fonctionné. Je fais maintenant partie d'une histoire que je ne connais pas mais que je leur ai moi-même livré. Ils ont fait des recherches à propos des photos que je me suis approprié et que je leur ai montré par le biais de leurs cameras qui me suivaient pas-à-pas. Par ce fait, bien que prisonnier et incapable du moindre mouvement, je me sens libéré de mon passé. D'une certaine manière, je suis devenu un homme libre.
- Vous progressez déjà Baruch.
Une voix s'est faite entendre qu'il ne peut discerner.
- Qui parle ainsi?

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