vendredi 22 janvier 2016

22 janvier (20)

Divine providence
Épisode 20

Ce qui me touche pourrait vous toucher.

Walid Neill




Rapport du jour qui fait suite au quinzième
 
Je m'y perds. Que je m'y perde n'a pas grande importance. Que l'ordre apparent ne soit pas satisfaisant, nous sommes d'accord, moi le premier. Mais ne me dites pas que vous ne faites rien pour que tout soit ainsi, tel que vous le voyez.

..."parce que je les entends quand même, vos questions; je les lis sur vos lèvres fermées, sur la tête que vous faites, même quand vous n'êtes pas là, mais dans ces autres pièces, ou qui sait où, quand vous vous demandez toutes ces choses à mon sujet. je les entends dans mes oreilles, criées, hurlées, répétées, des questions des questions des questions; tout le monde veut tout savoir, faire sortir de la tête d'un pauvre diable tout ce qui est à lui, les pensées, les images, les souvenirs, les faits. Il y a des tas de choses dans la tête, des sourires, des mers, des villes, des ouragans qui sifflent; le vent pénètre en hurlant entre les haubans, il entre dans les circonvolutions du cerveau et ne réussit pas à en sortir, il tourbillonne vertigineusement d'un hémisphère à l'autre"...


Malgré les talents conjugués de centaines de conteurs, certaines histoires restent profondément enfouies dans des tiroirs très secrets. Malheur à celui qui rêve de lumière. Cette dernière, comme un petit enfant refusant de grandir est bien loin de s'imaginer ce qui se trame. Dans le plus grand secret de ce seizième jour, tout près de là, une petite troupe se prépare. Elle franchit allègrement les limites un peu floues de quelques regards. Après moultes hésitations, je décide de noter ce récit qui m'est venus aux oreilles. Certes cela pourrait n'être que divagations dues à la maladie, mais en tant que telles ces divagations en disent long sur cette maladie, mais elles ne parlent pas que de cela. L'homme qui me fit ce récit ne fut jamais rien d'autre qu'une voix dans l'obscurité.

Rapport du jour qui fait suite au seizième

Le colonel Ortho était un homme d'une nature foncièrement orgueilleuse, ambitieuse et réfractaire à toute autre autorité que la sienne. Il possédait un penchant particulier pour l'art de la raillerie. Mais personne n'aurait pu lui disputer son sens inné de l'ordre. Il était capable de réunir ses oiseaux en formations dite de" la Grande Toile" qui se compose d'une invraisemblable quantité de figures plus ou moins répertoriées dont il détient, seul, le secret.
"La Patrouille des Haut Vols"est composée de 7 à 18 membres unis par la même discipline, tous volontaires, choisis pour leurs connaissances, leurs compétences mais aussi leurs qualités relationnelles et animales. Chacun devrait rester dans la Patrouille au minimum sept années. Le métier est dangereux. Tous sont issus des différents escadrons de chasse de l’armée privée du Colonel et ont une expérience minimale de 1500 heures de vol sur territoires occupés.
Par force et par nécessité, une partie de l’effectif est renouvelé tous les ans. Il y a beaucoup de candidats, mais peu d’élus. Pour les nouveaux pilotes, leur recrutement dans l’équipe signifie qu’ils ont d’abord passé avec succès les présélections de leur hiérarchie et de l’État-major, en l'occurrence confondu en une seule et même personne. Et qu’enfin, ils ait réussi l’entretien avec les pilotes de la Patrouille des Haut Vols qui les ont choisi selon le principe de la cooptation.
– Ce dernier niveau de sélection a une dimension plus animale, car il prend en compte le caractère et la sociabilité des candidats. Ce critère est primordial car la bonne entente entre les membres de l’équipe est vitale pour la stabilité et la cohérence du groupe.

La très véridique histoire du colonel Ortho
Édition "Dell'ordine"  


* Claudio Magris, À l'aveugle
Édition : L' Arpenteur
 

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