samedi 2 janvier 2016

2 janvier (159) Des mots, rien que des mots...

Épisode 159

L'homme en feu est en perpétuelle combustion...
Caliginosus


– Comment se fait-il que tout recommence sans cesse...
– Cela n'a pas l'air d'une question...
– Ce n'en est pas une, en effet. C'est une triste constatation.
– Alors que tout le monde s'accorde pour dire à son prochain tout l'amour dont il est capable...
– C'est justement là que se trouve le vrai problème que personne ne veut voir.
– Et quel est-il selon vous?
– Ils ne s'agit que de mots... rien que des mots, et non de gestes véritables...
– Vous me semblez... bien pessimiste. Est-ce là la conséquence de vos blessures dont je puis voir les cicatrices?
– Ce ne sont que des commentaires sur un contresens*... Si je ne suis des plus heureux,
c'est que je ne puis me réjouir de la privation d'autrui...


– Hier encore, vous parliez d'amour, si je puis dire...
– C'est cela... Comme vous pouvez l'imaginer, ce n'est pas une chose  facile et nous devrions tout d'abord éclairer certains points. Comment se fait-il qu'après tant d'années et de vœux régulièrement et sincèrement souhaités, les hommes en sont, à peu près, au même point? Se pourrait-il que les hommes ne savent s'examiner eux-mêmes. Ils savent, ou croient savoir, tout de nous autres qui ne sommes pas des êtres humains... mais que savent-ils d'eux-mêmes. La plupart su savoir de ceux qui "s'y connaissent" a été lu dans des livres... C'est peu dire que c'est pauvre... Mon maître lui-même me disait combien il avait appris dans tout ce qu'il avait lu...
– Êtes-vous en traine de me dire qu'il avait tout lu?
– Vous devriez déjà savoir que c'est absolument impossible... Il y en a tant qu'une vie entière n'y suffirait.
– Mais enfin, comme vous le dites, ils ne font pas que lire, ils écrivent, dorment, parlent, mangent, marchent... Est-ce qu'en faisant cela ils apprennent quelque chose? 
– Bien sûr, mais nous nous éloignons de notre sujet..
– Pas tout-à-fait. Il me semble qu'à certains moments ils disent aimer faire tout cela...  
– Certes, mais vous confondez, s'ils aiment c'est parce que cela leur plait...
– Est-ce un mal?
– Non, mais... comment dire... J'essaie de me souvenir des paroles de mon maître... Voilà, ils ne comprennent que partiellement ce qui leur plait... Cela leur plait, alors s'éloigne toute volonté. Ce n'est pas ce que je dis, je vous le répète...
– Mais, vous, cher Auguste Perroquet, cela vous plait-il de répéter? 
– Laissons cela pour l'instant et reprenons notre sujet. Il y a des hommes qui veulent comprendre le "tout" de de leur existence, pour en "faire quelque chose". Eh bien, mon maître, répétant ce qu'il avait entendu de son maître à lui, disait que c'était un blocage...
– Pourquoi cela? 
– Il semblerait que le fait de vouloir agir sur ce "tout" empêche la recherche sur soi-même... 
– Vous parlez de ces hommes qui, comme mon maître, se dévouent pour "une bonne cause"... du moins c'est ce qu'ils disent...
– Nous y reviendrons peut-être. Toujours est-il qu'en certains cas il vaudrait mieux se taire et partir...  c'est précisément ce qu'a fait fait mon maître. Mais cela n'a pas été possible. Rien ne s'est passé comme il l'avait prévu. 











* Gilles Sand de l'académie française qui disait: "Que de livres qui ne sont que des commentaires sur un contresens."

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