jeudi 21 janvier 2016

21 janvier (19)

Divine providence
Épisode 19

Ce que vous touchez me touche.

Walid Neill




Rapport du jour qui fait suite au quatorzième
 
Je jouais à cache-cache avec ma mémoire, ou plutôt l'inverse, elle jouait avec moi. Un jeu seulement? Comme tous les jeux, celui-ci n'était qu'un enlacement invisible avec la mort. Dès que je fus conscient de cela la vie repris ses droits. Une minuscule colonne de fumée s'élevait qui recouvrit bientôt les images. 
Nec tecum nec sine te.
Ni avec toi, ni sans toi. Tant que je sais qu'elle n'est pas là, elle est là.

"Oui, il y a des tas de choses dans la tête d'un homme. Enfin, il y avait, parce qu'ils te les enlèvent, ils te vident; ces plaques noires, striées de filaments blancs comme des étoiles filantes dans le ciel nocturne, qui portent mon nom, c'est l'image de l'espace vide et sombre qu'il y a dans ta tête quand pendant toute ta vie ils t'ont tout enlevé. Cette obscurité laiteuse, ces grumeaux qui flottent dans l'infini, c'est moi - et si c'est ça le portrait d'un homme, est-ce qu'on peut raconter son histoire, elle a une histoire, une vie, cette bouillie ? Mais alors Maria, blanche marguerite dans la clairière obscure, ses yeux obliques, tendres, ironiques... ces étoiles obscures, qui luisent dans la nuit..."*

Je suis las, là, aujourd'hui, dans cette clairière qui ne laisse passer ces quelques images qu'en échange de quelques anonymes et lointains regards.

* Claudio Magris, À l'aveugle
Édition : L' Arpenteur
 

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