dimanche 7 février 2016

7 février (36)

Divine providence
 Épisode 36


"– Il ne s'agit point d'un coup de théâtre...
L'emploi des gestes et des mots doit être d'une précision secrète et précise
qui seuls président  à la grandeur de l'ouvrage..."

Le monde du Colonel et du Souriant se rejoigne. Et pourtant rien ne peut être aussi différent. Les apparences sont trompeuses. Ce que l'un voit et fait en profondeur ne ressemble en rien à ce que ressent l'autre. Ainsi le Souriant, qui sourit enfin de son vrai sourire a l'impression de renaître à la vie, sauvé par son maître... La femme qu'il aime est là, dans l'ombre et complice de son mari. Son doux visage d'ange est au service du Colonel. Celui-ci est , l'espace d'un instant, touché par l'expression béate du mourant qu'il tient entre ses bras et par la tendre complicité qui commence à s'établir entre sa femme et son disciple. Mais très vite il reprend ses esprits.
– Surtout, ne pas se laisser submerger par des émotions. Quelles qu'elles soient ! De la rigueur et de la droiture, toujours et encore. Cet homme est bientôt mûr pour la grande tâche que je lui ai assigné. Le temps n'épargne pas ce que l'on fait sans lui. Il faut, sans tarder, vider et ranimer ce voyageur fatigué...
Blondine sait consoler. Elle a pris le Souriant dans ses bras. Elle exerce sur lui de subtiles caresses. Le Souriant, de plus en plus béat et insouciant, rêve de ne jamais se réveiller. Son corps, lentement, se réchauffe et s'allonge... et oublie...
- Si seulement cela pouvait ne jamais s'arrêter !
Sous les mains expertes, le nain se transforme en géant.
Le Colonel, dans l'ombre de Blondine, très ému, tente vainement de réprimer son émotion.

La très véridique histoire du colonel Ortho
Aux éditions "O felix culpa" 

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