jeudi 11 février 2016

11 février (40)

Divine providence
 Épisode 40

Dans le plus secret des secrets, sans que personne ne puisse l'atteindre
est un plus grand secret. Le Colonel, lui même,
ne le sait pas vraiment, bien qu'en partie, il en fut l'auteur.


– Cette planète n'est pas ce qu'elle montre!
La lumière dans laquelle elle baigne n'est pas la sienne.
La matière subtile ne lui appartient pas.
Elle n'est que matière inerte
à laquelle la "distillation lumineuse" a enlevé l'esprit.
De plus, elle n'est pas si lointaine
que mes mains ne puissent l’atteindre...

Tout au plaisir de sa toute nouvelle activité qui occupait de plus en plus de place dans son esprit, le Colonel Ortho passait son temps à attendre l'instant béni de cette projection. Naturellement elle ne se produisait pleinement et très régulièrement qu'une seule fois par mois. Ce qui, très vite, lui procura une frustration au moins égale au plaisir qu'il en tirait. Il lui fallait attendre, ce qui occasionna un apprentissage des plus douloureux... De plus, il était à la merci des éléments. Un simple nuage au mauvais moment pouvait tout remettre en cause. Il lui fallut étudier la course et les routes mystérieuses qu'empruntait cette lumière de telle manière qu'il put se trouver, en lieu et heure, de manière très exacte sur son chemin. Il changea souvent de point de vue, multiplia les expériences et les constructions diverses, ce qui qui, il s'en aperçu assez vite, l'aidait grandement à supporter l'attente.



– Tout est-il dit lorsque qu’une image se présente?


Le Colonel porte son masque depuis si longtemps qu'il en est arrivé à douter de lui.
– "Qui" y-a-t'il derrière cette façade? se demandait-il souvent.
Sans pouvoir de répondre, il se prend délicatement la tête entre ses mains et, faisant face à soi-même, les yeux dans les yeux il se parle d'homme à homme.
– Souviens-toi, homme, des lourdes chaînes de tous qui t'ont précédés et qui sont tombés dans l'oubli.
Le Colonel aimait entendre ce mot "homme". Une grande nostalgie le pénétrait lorsqu'il le prononçait...
– Ne laisse pas les temps te corrompre: "Tête qui roule n'amasse pas mousse !"
Il aimait aussi entendre ces sentencieuses citations qui meublaient son esprit.
– Souviens de l'esprit de tes maîtres dont aucune trace ne survit.
Un certain doute l'envahi.
– Comment cela: aucune trace ? S'il n'y en a pas, comment pourrais-je m'en souvenir?
Une certaine clairvoyance, enfantine certes, mais clairvoyance tout-de même...
– Souviens-toi de celui qui fut le plus grand et le plus vertueux: "Maximilien Robe de pierre", homme intègre s'il en fut, injustement accablé de tous les méfaits imaginables. Devant l'adversité, le mensonge, la bassesse et l'ignominie des hommes fais face avec vaillance et fais revivre le "Culte de l'Être suprême".
Le Colonel aimait parler et il aimait tout autant s'écouter. C'était un homme complet... Ses bonnes paroles avaient le don de le faire sortir du doute. Certes, aucune réponse n'était venue apaiser son interrogation, mais, dans ces moments là, il était heureux.


 
La très véridique histoire du colonel Ortho
Aux éditions "Caput mortuum" 




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