jeudi 3 mars 2016

3 mars (59)

Divine providence
 Épisode 59



Je perdais patience. Les brusques sautes d'humeur de mon vis-à-vis me mettait hors de moi. Entremêlant nos ombres et nos corps sans jamais nous toucher, nos mouvements désordonnés, loin de les rendre flous, les rendait, par toutes petites touches, nettement plus lisibles. Tout se passait comme si son visage se démultipliait dans une sorte de transe. Alors le comédien rigoureux qui me faisait faces laissait échapper furtivement et malgré lui une expression qu'il semblait s'interdire le moment d'avant ou d'après. À nos pieds, sans que nous y prenions garde et malgré les apparences, la lumière faiblissait...



Sans même que nous nous soyons concerté, nous nous sommes éloigné, chacun de notre côté. J'étais fatigué et un peu perdu. La lumière n'était plus assez présente pour me permettre de me projeter vers un ailleurs, une sortie ou une entrée. Seul me parvenait les oscillations périclitante de la luciole. D'où venait-elle ? Par où était-elle entrée ?
– Tout à notre fol espoir de possession, chacun de notre côté, nous ne sous sommes pas posé la question...
Perdu dans mes pensées et suivant mon inspiration, je ne m'étais pas aperçu que je parlais à haute voix. Du moins c'est ce que je pensais.
– ... C'est parce qu'elle va disparaître que nous nous interrogeons...
Une voix qu'il me semblait connaître murmurait dans mon dos.
– "La lime aiguise ses dents sur la scie mordante"*...
Je frissonnais. Quelqu'un était appuyé contre moi, son dos contre mon dos.


La très véridique histoire du colonel Ortho
Éditions "Qualis ab incepto processerit, et sibi constet"



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