mardi 9 juin 2020



– Allez-vous y retourner?
– Où cela?
– Dans ce lieu où vous fûtes avant que n'arrive cette histoire.
– Sombres migrations...
– Sombres pensées...
– Ce serait encore plus difficile... mais oui... la tentation est presque irrésistible... j’y retournerai...



– Il faudrait pour cela que vous retrouviez vos membres éparpillés!
– C’est en cela que consiste le retour.

Si je suis ici aujourd’hui c’est du fait que j’ai retrouvé la forme et le corps, si j’ose dire... qui était le mien avant que je ne devinsse homme. C’est ce qui fit que je me sois perdu.



L’ironie du sort est qu’aujourd’hui je ne sois plus qu’une tête ballottée au gré des éléments ou du bon vouloir de certains hommes.



En silence, je les écoute et je les observe, recueillant au passage ce qui me serait utile au cas où il m’arriverait de retrouver mes parties manquantes qui me seraient bien utile pour m’échapper...

 Que l'on me pardonne ce geste brusque et arbitraire, celui-là même qui autrefois me fut offert, qui coupera artificiellement la mémoire... j'hésite à parler de ma mémoire tant cela me parait peu probable qu'elle puisse m'appartenir



Il arrive, bien moins souvent, que nous parlions... Le doute alors refleurit. Je me surprends à nouveau en train de rêver à cette quête... Inutile je le sais... Imprudemment j’arrache l’idée qui repousse renforcée... Le dieu des hommes sans cesse me parle et m’envoie ses démons... pour me mettre à l’épreuve... Le corps gracile et le verbe lisse, ils se glissent dans les moindres replis de l’âme... pour commencer. Recommencer. L’éternel commencement...



Jamais plus je ne serai cet enfant dont je porte le visage pour toujours. Mon passage parmi les mortels ne s’est pas inscrit dans mes formes mais dans ce qui de moi n’est point visible mais se ressent dans le timbre de ma voix.

Une sorte de fêlure obscure de laquelle s’échappe toutes ces idées peu claires mais si capables de tant de mots... et par là de tant d’images appelant à leur tour d’autres mots va-et-vient perpétuel  auquel nul mot ou nulle image ne saurait échapper 


Aurai-je encore une fois la force et la foi de tenter cet impossible ascension ce mimétisme infini entre le maître et sa création... que dis-je entre le maître et sa créature... faite à son image... en laquelle lui et moi, le père et le fils, censé être réunis dans un même esprit...


Certains hommes en leurs mots se dissolvent d’autres en ces mêmes mots se montrent.

On les les voit venir de loin. Tantôt montés, tantôt montant, par l’avant ou par l’arrière, devant ou derrière le miroir, ils singent ce qui en eux leur échappe. 

J’avais touché au miel onctueux et collant de l’humanité... et j’y avais pris goût. Après ce miracle, rien ne pourrait plus m’extirper de ce désir sans fin.


Ni le... ni le... Même délivré des fatigues de la chair, je ne puis m’empêcher d’en rêver. Alors dans mes rêves je marche je ris et je pète... et plus encore... et, oui, quelquefois je me repens. Le repentir sincère, sans qu'il soit question de morale est le meilleur moyen de parvenir et me maintenir...
Il est entièrement et exclusivement humain comme...
Croyez-vous qu’il soit plaisant de devoir se consacrer entièrement à sa propre éducation sans savoir par quel moyen nous pourrions y échapper.

Je m’étais échappé de ma condition d’objet et maintenant il me faudrait encore et toujours... recommencer... sortir de ces étranges contreforts de la bêtise sans être contaminé est chose impossible. C’est cette contamination qui en moi travaille sans relâche...

Hypocrisie, fruit ultime de la connaissance 
Le vieil homme ne retombe pas en enfance... il s’y élève légèrement avec le peu d’esprit qu’il peut avoir.


tu m'as un fait rire, intempérie

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