mardi 2 juin 2020

(2) Plus que vous...


Sous l'arbre, il y a un cahier, ou peut-être un livre. L'homme s’assied et, délicatement, en prend une feuille. Il tire lentement, sans déchirer. Le papier s’allonge et dangereusement se déforme. L’eau, coulant sur la terre, se change en encre. Ainsi les mots, plus ou moins décomposés, traversé de part en part, lettre après lettre, sans autre raison, traversent la terre. Au coeur de toutes choses, les yeux de l'homme s'ouvrent enfin. Je donne, tu donnes, cela s’allume, se prononce, cela s’éteint ou se dénonce, et à jamais le cycle, se représentant, à nouveau commence. Sous l'arbre, parmi les racines, l’eau et les signes hasardeux pénètrent dans la forêt, descendent dans les obscures profondeurs, puis remontent sous le puits, parlent de feu, d’étincelles, d’incendie et de créatures incandescentes libérant les regards de leurs sombres pensées. 


– Avez-vous conscience de n’être qu’un jouet?
– Plus que vous...
– Je vois ce que vous voulez dire...
– Qu’entendez-vous par là?
– J’entends une petite part de ce que l’enfant Lune entend...
– Qu’entend-il?
– Sans le savoir et sans qu’il l’eut prémédité, ni même souhaité le moins du monde, il entend ce que tout mort apprend en silence...
– Le sait-il?
– Tout dépend de ce que vous entendez par savoir...

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