mardi 26 septembre 2006

Théâtre à la belle étoile (66)


C'est à l'unisson qu'ils firent leurs premiers pas dans la vie. Certes l'âne grandissait plus vite, beaucoup plus vite que le garçon, mais le couple restait soudé, même si très vite et imperceptiblement, l'âne par la force des événements et par la nature de son évolution, endossa le rôle de parent. Il faut dire aussi qu'il grandissait à vue d'oeil et d'une façon qui n'était guère courante. De son côté l'enfant grandissait aussi, à son propre rythme, mais cela ne se voyait guère en comparaison de son compagnon. Lui-même était fortement désorienté. Il alla jusqu'à croire qu'il ne grandissait pas et que, au contraire, il il rapetissait. Certains jours, cela lui posait problème... Mais comme il passait le plus clair de son temps en compagnie de celui qu'il appelait affectueusement mon frère, il finissait par ne plus avoir d'autres points de comparaison. Il s'en accommoda tant bien que mal. Et puis il apprenait à écouter.
- "Aie plus que tu ne montres,
Parle moins que tu ne sais,
Prête moins que tu n'as,
Chevauche plus que tu ne marches,
Apprends plus que tu ne crois,
Risque moins que tu ne gagnes,
Renonce à ta boisson et à ta putain,
Et reste au logis;
Et tu obtiendras
Plus de deux dizaines à la vingtaine."*
L'enfant ne comprenait pas encore mais chevauchait et, sans même prêter l'oreille, en apprenait de plus belle...

*L'âne était rude, dis..! Peut-être fou sans le savoir, il citait sans comprendre...

Quand l'âne grandit, l'esprit s'échappe
Que certains rêvent de chevaucher
Peu s'y adonnent sans façons
Lidane Liwl
Édition "Le vrai imite le fou"

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