lundi 25 septembre 2006

Théâtre à la belle étoile (64)


Monsieur le Directeur n'a pas de nom. Il est du petit nombre des hommes qui n'ont pas laissé au monde ce que chacun désirât que l'on connût de lui et de sa vie. Personne n'eût pu se douter, pas même lui, qu'il était le petit-fils d'un archevêque et de la mère supérieure d'un couvent de grande renommée, que nous ne citerons pas. Pour des raisons qu'il est facile d'imaginer, le fruit de cet amour, conçu pendant un instant de relâchement coupable, c'était carnaval, fut bien vite confié aux bons soins d'une nourrice. Celle-ci, pour d'obscures raisons disparût mystérieusement une année plus tard, au cours du carnaval suivant. Ce jour-là, le petit venait de faire son premier pas au son d'une musique qu'il semblait reconnaître. À nouveau orphelin, le petit fut recueilli par une famille fort pauvre de biens mais riche de son esprit éclairé. Il errait au petit matin, accompagné par un ânon au pelage bleuté par la nuit. Ils étaient les seuls éveillés sur la route déserte. Le petit garçon tenait en sa main un petit bâton avec lequel il jouait. "Seuls rescapés d'une nuit de folie" dira-t-il plus tard.

Quand le rideau s'ouvre, l'esprit se ferme
Certains dorment, parmi les spectateurs
Peu se doutent que leur réveil pourrait être douloureux
Lidane Liwl
Édition "Le faux recèle le vrai"

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