jeudi 18 novembre 2021

Oyez, oyez…

 


– Alors! L'arbitraire de la notion de temps?

– Patientez et écoutez, une autre voix fait diversion...

– Qui est-ce?

– Quelqu'un venu du fond des âges et qui cherche encore à s'affranchir...

– À s'affranchir de quoi?

– Faites silence... nous reprendrons ensuite... 

 

Cela fut déjà dit, oyez, oyez, braves gens, le chant de celui qui sans soucis ni remords brave le temps…


Être de tous les combats... léger soubresaut, fantasme bon teint, l'enfant vieilli, au dernier niveau, se souvient. Le cabaret destructeur souffle, scène après scènes, pour lui plus que pour tout autre, la fabuleuse histoire de la fuite du temps. Cet ancien temps qui serait ce doux mélange de sommets, de ponts et de ravins qui se marient et charrient au loin ce qui hier fut à portée de main. Découper une étoile un millions de fois et plus... pour enfin discerner ce qui dans la lumière nous éblouit. Pour la première fois une sorte d'inventaire est disponible.

En pleine nuit, quand la brume se dissout dans l'obscurité, nous avions la sensation que le sol sur lequel nous cheminions changeait de nature. Face aux étoiles saltimbanques, les cailloux fêlés sur lesquels nous étions assis, semblaient se reconnaître dans le miroir obscur de la nuit et revivre une histoire à laquelle nous n'avions pas accès. C'était comme si nous avions entre nos mains une petite part d'une histoire qui a commencé il y a des millions d'années... C'est pourquoi, où que nous allions, nous les emportions avec nous.

Si l'espace infini de la nuit n'est point celui du silence, il n'est pas non plus celui de la réflexion. Bien au contraire. Tout se passe d'autorisation... Le moindre bruit prend une forme que le jour ne pourra jamais révéler. Ainsi quand le monde des formes perd son révélateur, le son prend le relais.  Inutile de s’attarder et de réfléchir, ce qui dans la nuit se cache prend forme et l’œil absent perd de son pouvoir au profit de l'autre, celui qui ne voit que dans la nuit. C'est ainsi que dans notre obscurité se raconte une histoire déroutante qui se joue de la matérialité à laquelle nous sommes soumis. Avec un peu d'entraînement, il est possible de voir en plein jour ce qui dans la nuit semble se cacher. C'est précisément là que se trouve le piège. Rien ne se cache et rien n'apparaît. Nous ne voyons que ce que nous voulons voir... et entendre... 

Or, c'est précisément là que le bats blesse, nous ne voulions rien entendre. Chacun de nous se murait dans un silence que nous espérions protecteur mais qui ne changeait rien à ce que nous avions fait.

 

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