Extrait des cahiers de Pinocchio, l'Autre
– L'imaginaire peut-il faire loi?
– La parole ne fait que masquer le vide qu'elle cherche à combler... Elle ajoute à ce vide une sorte de vernis qui le rend désirable...
– Que fait ici la chouette?
– Le Créateur lui a murmuré qu’elle était l’œil de la nuit, l’ombre qui pénètre là où nul ne va, là où sommeillent les songes. Elle devrait guider l’enfant-bois dans les couloirs de l’inconscient, là où se noue le vrai devenir. Le Créateur est passé, léger comme un zéphyr, et son souffle lui a conté l’histoire d’un pantin à la tête et au cœur de bois...
– Je l’ai senti, ce frisson! Le souffle portait un nom: Daemon. Non pas le démon de nos peurs, mais l’ami secret qui veille au berceau de l’âme. Notre maître a juré qu’il ne contraindra pas le pantin, mais qu’il soufflera seulement, là où la vérité éclot en silence.
– Et notre rôle, dis-tu? Nous, simples messagers de voix oubliées...
– Nous sommes les échos. Là où le vent reproduit le souffle divin, nos mots, par fragments répétés, font apparaître son secret. Nous porterons son souffle à qui veut l’entendre: que le bois devienne homme, que l’homme apprenne la musique de la nuit, et que le cœur de l’enfant-bois, en un éclair enfin vivant, hors de toute mesure, comprenne le mystère de ses ailes invisibles…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire