“ L'imaginaire crée des images, certes. Mais celles-ci ne sont à penser ni comme «fictives» (au sens de Platon) ni comme «spéculaires» (au sens de Lacan). Elles sont images autonomes, et non pas de simples images-de. Elles sont «primaires» et non pas secondaires. Elles relèvent de cette «faculté originaire» qui engage «quelque chose d'irréductible au fonctionnel, qui est comme un investissement initial du monde et de soi-même» - une origine, donc, pour toute représentation ultérieure.”

Georges Didi-Huberman, Imaginer recommencer, Les éditions de minuit, p. 391

L'intérieur du Léviathan était en tous points comparable à celui de Don Carotte, du moins était-ce là ce que pensait Don Carotte: un monde identique à lui-même… excepté qu’il lui semblait, dans le même temps, reconnaître et voir quelque chose de parfaitement nouveau… sans avoir l’impression d’avoir été transporté dans quelque endroit différent de celui qu’il connait. Chacun comprendra à quel point cela peut déranger. Et pourtant Don Carotte ne le voyait pas ainsi. 

– Tout est nouveau… au point que… moi aussi, je me sens ainsi… certain que tout recommence… Si “rien ne se pense “sans imagination”, alors je pourrais être un penseur au point que je pourrais m’imaginer être dans une imitation et… que je puisse moi-même en être une!