« On peut penser le monde comme constitué de choses. De substances. D'entités. De quelque chose qui est. Qui demeure. Ou bien on peut penser le monde comme constitué d'événements. D'occurrences. De processus. De quelque chose qui se produit. Qui ne dure pas, qui se transforme continuellement. Qui ne persiste pas dans le temps. La destruction de la notion de temps par la physique fondamentale implique l'écroulement de la première de ces deux conceptions, non de la seconde. C'est la réalisation de l'omniprésence de l'impermanence, et non de l'immuabilité dans un temps immobile.
Penser le monde comme un ensemble d'événements, de processus, est le mode qui nous permet de mieux le saisir, le comprendre, le décrire. C' est l'unique mode compatible avec la relativité. Le monde n'est pas un ensemble de choses, c'est un ensemble d'événements.
La différence entre les choses et les événements, c'est que les choses perdurent dans le temps. Les événements ont une durée limitée. Le prototype d'une «chose» est une pierre: nous pouvons nous demander où elle sera demain. Tandis qu'un baiser est un «événement». Se demander où se trouvera le baiser demain n'a pas de sens. Le monde est fait de réseaux de baisers, pas de pierres.»
Penser le monde comme un ensemble d'événements, de processus, est le mode qui nous permet de mieux le saisir, le comprendre, le décrire. C' est l'unique mode compatible avec la relativité. Le monde n'est pas un ensemble de choses, c'est un ensemble d'événements.
La différence entre les choses et les événements, c'est que les choses perdurent dans le temps. Les événements ont une durée limitée. Le prototype d'une «chose» est une pierre: nous pouvons nous demander où elle sera demain. Tandis qu'un baiser est un «événement». Se demander où se trouvera le baiser demain n'a pas de sens. Le monde est fait de réseaux de baisers, pas de pierres.»
Carlo Rovelli, L’ordre du temps, Flammarion
Quiconque eut vu danser Don Carotte sur le bout de la langue du monstre se serait dit que c’est une danse bien étrange cette façon immobile de ne pas savoir que faire… Il arriva en ce jour-là que Sang Chaud, suivant, de gré ou de force le chemin des racines, s’était retrouvé face à un monstre que lui aussi, bien que sa connaissance, par ouï-dire, ne fut guère étendue, reconnut comme étant le Léviathan. Dans son esprit, nul doute ne germa. Don Carotte était passé par là… Nous verrons plus tard que l’un et l’autre vont se tromper… En attendant, une part de l’histoire se répète, la langue en mouvement et la voix rocailleuse l’invitent à pénétrer. Sang Chaud, tout comme Don Carotte hésite et tremble à l’idée d’être dévoré. Lui aussi, croyant se trouver à la fin sans croire le moins du monde aux fables qui racontent la résurrection, en chaire ou au bord du lit, se revoit à différents étages de sa vie. Une toute petite voix couvre celle de l’obscurité et dans la lumière de son esprit il voit ce qu’il n’avait jamais vu encore. Ce qu’il croyait… et, plus encore… ce qu’il croyait être, change constamment.
– Rien n’est stable… pense-t-il avec la nostalgie de l’enfant qu’il n’est plus et qui n’a jamais pensé ainsi.
Sang Chaud, tout comme Don Carotte, est-il lui-même lorsqu’il pense à ce qu’il fut et qu’il se revoit, se revit, surgit de rien dans un autre temps?
Lorsque le souvenir apparaît et remplace notre présent, il se pourrait que nous n’y voyions que du feu…
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