dimanche 16 avril 2006

Comme un enfant


... Le soleil se lève. Certains d'avoir retrouvé notre chemin, nous repartîmes lentement. Le premier pas fut le plus difficile. Le deuxième s’allongea légèrement. Au troisième nous avions, j’avais trouvé, la bonne longueur et le rythme, mais je dus m'arrêter net. Quelque chose brillait au loin. Je sentais une présence. Je tournais la tête du côté gauche et je découvris un regard. Derrière la colonne de pierre à moitié effondrée qui, autrefois, se dressait contre le ciel, se tenant immobile, comme sculpté dans la roche moussue, une sorte de gardien immobile me regardait. Rien ne se passait. Mon sabot droit esquisse un léger pas de danse, un piaffement, qui aurait eût pu être interprété comme une menace. Ce n’est que quand je me mis en mouvement que le gardien bougea. Malgré ses grandes oreilles, fort semblables aux miennes, je n’étais pas rassuré. Je saluais d’un bref petit signe de tête. À mon grand étonnement, il sembla me répondre. Quand de l’autre côté, je ressentis la même démangeaison. Je sentais la même présence presque invisible, je sentais le même regard qui me surveille... Je piaffais à nouveau, tournais la tête et saluais en tremblant. Le deuxième gardien, plus impressionnant que le précédant, me rendit mon salut par un imperceptible mouvement de son oreille droite. Le chemin bifurquait à angle droit vers la gauche.
-Parfois le temps s’inverse, me dira plus tard le maître des lieux. Tu remontes à la source des temps. Tu rajeunis à mesure que tu avances.
Me voilà comme un enfant, contournant le jardin qui parait devant moi.

Le Beau Dais d'Or, conte philosophiste
Dave Hill

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