jeudi 20 avril 2006

Mémoire


... Nommer la chose à observer introduit le regard de l'observateur et modifie la relation. Prononcez le mot « schizophrénie » : tout le monde s'enfuit. Et le sujet, solitaire par nature, se retrouve encore plus seul. Il ne lui reste que l'asile. Là, il trouve un refuge, une sociabilité à sa mesure. La chronicité de l'hôpital psychiatrique se fait complice de son désir de démissionner de l'humanité. Guérison tragique : le patient ne délire plus, n'hallucine plus, ne souffre plus. Son esprit, apaisé par l'absence de stimulation de cette institution lourde et sans vie, pourra désormais ronronner à son rythme de cadavre vivant.

Mémoire de singe et paroles d'homme
Boris Cyrulnik
Hachette Littératures

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