lundi 17 avril 2006

Les Très Riches Heures


- Je suis innocent de tous les crimes qui me sont attribués. C’est ce que vous devez présumer. Vous devez rester aveugle, non aux faits, bien sûr, mais aux passions qu’ils suscitent. La rigueur et la subtilité des procédures vont être vos alliés. Mais ils seront aussi les miens. C’est ce principe que j' enseigne et applique depuis des lustres. Puissent-ils vous éclairer. Je ne suis pas un justiciable ordinaire et votre Justice n’en est qu’à ses balbutiements. Je ne suis pas à votre mesure. Vos accusations sont trop graves et ma défense est trop frêle. La balance penche trop vite. Je suis votre miroir, et en tant que tel, ce procès pourrait être exemplaire. Malheureusement, il risque de montrer l’arbitraire, celui-là même que vous me reprochez. L’exemple ultime de l’arbitraire rhabillé des oripeaux du droit, comme un vulgaire tyran, auquel vous prétendez me comparer moi, qui vous ai élevé. Vous devriez vous inquiéter de l’image du droit que vous êtes en train de dessiner et pour la mauvaise pédagogie que vous allez en faire. Je ne suis qu’un pauvre aveugle qui vous ai ouvert les yeux. Il se peut que je me sois trompé. Peut-être n’aurais-je pas dû le faire. Mais je n’en ai pas de regret, j'ai gardé mon âme d'enfant...

Les Très Riches Heures du Colonel Ortho

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