jeudi 3 septembre 2009

" Celui qui lit toujours ne sera jamais lu. "

Jean-Joseph Jacotot



- Monseigneur, j'ai fait diligence et voici sur ce couvert les délicates substances que vous m'avez commandé.
- Vous-même, vous êtes-vous couvert pour cette fois-ci? Il me semble que votre voix cristalline n'est guère transformée par le filtre du voile et qu'ainsi je puis déduire que vous pourriez ne pas l'être.
- Roi Bienaimé, je vous prie d'être indulgent, croyez-vous qu'il soit pratique de se déplacer rampant sous la couverture sans cesse en proie à l'inquiétude de se prendre les pieds et de vous faire le déshonneur de m'étaler médiocrement devant vous comme il m'est arrivé tout-à-l'heure. Mais soyez rassuré, autant que je le puis, je cache à mon regard ce qui ne doit point se voir.
- Ne relâchez pas votre effort et venez avec prudence et sans un regard me livrer ce que nous attendons.
- Il en sera fait selon votre volonté...
- Monsieur, arrêtez-vous, j'apprends à l'instant que vous seriez un fieffé coquin. Il me semble que j'avais fortement manifesté le désir de vous savoir décoiffé de ce couvre-chef délirant.
- Vous avez raison, Monseigneur, et pourtant vous avez tort.
- Quelle est cette embrouille ? Est-ce là un nouveau jeu de mots auquel je n'entends rien ?
- Non Monseigneur, cela y ressemble mais cela n'est point.
- Expliquez-vous !
- Je suis simplement décoiffé, Monseigneur. J'ai depuis si longtemps le devoir de vous obéir et ainsi porter cette coiffe qui maintenant vous dérange que ma chevelure s'y est adaptée. J'ai beau faire l'effort de lui faire violence elle n'obéit pas et retrouve en peu de temps la forme à laquelle nous l'y avons contraint. Et pour ma part je ne suis même pas débarrassé des clochettes.
Au moindre de mes mouvement elles se mettent à tinter dans les espaces secrets de mes boyaux, ce qui va me rendre fou et fait que je ne trouve guère le repos.

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