mardi 13 septembre 2016

13 septembre 2016





C’est dans l’ordre normal des choses! Compter, je sais un peu. Et si compter c'est aussi conter je saurais raconter...
À chacun de voir de quoi il en retourne et d'en tirer les leçons qui s'imposent. Après bien des mois d'interrogations douloureuses sur le sens à donner à ce qu'il a vécu et sur la direction que prendra son propre chemin à travers les décombres encore fumants de ses désillusions, notre héros, s'interroge sur le sens à donner au symbole que son orgueil a magnifiquement gravé sur l'envers de ses décors. Planant sur ses sommets, il cherche en vain les débris d'un miroir illusoire, n'étant finalement, à ses pieds et à cette hauteur, que le reflet d'un vide que l'on eut pu prendre pour miroir.
– La coupe est pleine d'amertume, se dit-il tout empli d'une nauséeuse nostalgie et d'un grandiloquent désespoir, avant de recracher avec dégoût ce que jusque là il avait aimé.
– Comment a-t-il pu me faire cela à moi qui lui ai tant donné?
Sans aucune considération pour le rôle qu'il a joué, s'excluant presque de lui-même d'un monde qu'il va quitter à regrets, projeté à son insu dans un autre monde, pas toujours meilleur, le deuxième danger sera plus grand... 

– Bien éloigné de toute voie menant à une vraie liberté l'homme se perd en de bien vaines conjectures et confond gaillardement savoir, pouvoir et quiétude de l'âme...

La phrase résonnait encore dans les gouffres profonds de ses oreilles.
– Commet cet âne peut-il se permettre de me faire la leçon? Et d'abord qu'entend-il par vraie liberté? N'avons-nous pas, nous, êtres humains qui sommes conscients, et pour ceux qui seraient initiés, cette lourde tache d'être les maîtres du monde et les garants de son authenticité? Je ne sais quelle lubie à pris place dans son esprit, mais j'espère qu'elle ne vient pas de moi...
Une sorte de doute avait germé dans son esprit. Doute qui ajouté à ces propositions dangereuses, auxquelles ils avait participé activement, pensant les utiliser  en les renversant, et qui le hantaient maintenant le mit mal à l'aise, d'abord, puis en colère, ensuite. Pour qui aime le cheminement insouciant du promeneur, la dérive de Thomas est surprenante. Plus surprenant est l'inconscience de Thomas qui reprend presque mot pour mot le discours qui fut la cause de son propre exil et qu'il prit, fort heureusement, pour de l'audace. L'audace de l'explorateur courageux coiffé du casque colonial  ressemblant à s'y méprendre à un rêve d'enfant...
Du cheval de Troyes ne sort qu'un âne minuscule... 

– L'égalité, d'accord, mais tout de même...
 On ne donne pas à boire à un âne qui n’a pas soif... et même s'il a soif encore faut-il savoir de quelle soif il s'agit.
– Rendez-vous compte, Thomas, en pleine confusion, s'adressait à un public imaginaire tout acquis à sa cause, pas plus tard que hier, il me parlait du "spectre de la dictature de la majorité"... non mais...
Les mots et les choses se sont installé à demeure dans un cerveau indigne et je crois bien que, malheureusement j'y suis pour quelque chose. La gangrène des sens a pris le dessus et l'ordre que je chéris par-dessus tout et que j'ai, pour un temps si bien dirigé, s'en est trouvé bouleversé. Je sens monter en moi une colère que ne désavouerait pas le plus sauvage des ânes sauvages. Or justement... c'est dans le désordre que prennent racines les plantes les plus improbables. Thomas a de la mémoire et si celle-ci lui joue volontiers quelque tours, elle mit à jour une de ses plus belles fleur:
Fasse que, pour chacun d’entre nous, cet épisode ajouté aux précédents soit l’occasion de cette perpétuelle recherche de nous-mêmes. 
Il n'avait pas complètement perdu l'esprit ou alors celui-ci se jouait de lui plus qu'il ne savait en jouer.





Aucun commentaire: