jeudi 8 septembre 2016

8 septembre 2016



– Dans ma vertigineuse descente, je me voyais moi-même tomber. J'étais pleinement conscient et spectateur de ma chute. Rien ne me permettait de dire où j'étais placé, mais le fait est que je voyais cela d'un point de vue extérieur. Cela eut dû me surprendre et la question de cette situation eut dû se poser, mais cela ne se fit pas alors. Je dus attendre de longues années pour qu'elle se pose... sans pour autant que je sache d'où, elle-même, cette question, était venue.

– Il peut arriver que l’objet même de notre puissance se retourne contre soi-même, me répondit-il, toujours aussi calmement.
Bien entendu je ne compris rien à ce qu’il me disait mais j’avais acquis la certitude qu’il ne disait rien par simple envie de parler. Il me suffirait d’attendre pour que la signification arrive par elle-même. Et je continuais lui raconter ma chute.

C'est pendant ce récit que je pris conscience de la multiplicité des récits qui se pressaient dans ma tête. Il fallait constamment que je mette de l'ordre dans les innombrables versions des mêmes faits. Le moindre mots mot avait une incidence qui me faisait non pas douter, mais hésiter d'aller dans deux ou trois directions toutes aussi tentantes les unes que les autres et qui toutes, j'en étais certain, allaient me mener à une vérité dont je ne doutais pas qu'elle puisse exister...
C'est ainsi qu'il devint évident que parler de ma chute de l'arbre, aussi vraie qu'elle l'a été, sans aucun doute, était au moins une sorte de discours parallèle à la chute de notre organisation.
Le plus grand des dangers était de prendre l'un pour l'autre.
– Cher Thomas, vous progressez et cela m'impressionne...
Soit j'avais dit à haute voix tout ce qui se passait dans ma tête, soit Adâne avait des facultés bien étrange qui dépassaient les miennes de beaucoup.
– Ce n'est point de cal qu'il s'agit, me répondit-il.

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