mardi 6 mai 2025

 
 
 

 
 
– Non point ! Ce que vous nommez “rideau qui se ferme”
N’est qu’un voile jeté sur un théâtre en germe.
Et ce théâtre, ma foi, n’a point de corps:
Il n’est que ce qu’on dit – poussière et faux décors.
À haute voix, Lucien fait des hypothèses qui résonnent dans le cirque déserté...
– Ce n’est pas le moi qui se souvient. C’est le langage qui conserve — dans l’ordre du symbolique — ce qui fut, même si le sujet l’a oublié. Autrement dit, je n’ai pas perdu mes souvenirs, simplement je n’ai jamais été maître de ce qui s'appelle mémoire.
Quand Daemon me répond: “Tu m’as déjà posé cette question”, ce n’est pas un reproche. C’est une révélation topologique. Je ne fais que rejouer une scène qui, dans le registre de l’inconscient, ne cesse jamais de se répéter.
Car l’inconscient, comme on le dit, est structuré comme un langage. Il parle. Il parle en nous.
Et sur cette île, ce sont les voix, les présences, les personnages, qui sont les figures métonymiques de ce langage. Chaque être n’est pas une entité séparée, mais un fragment de ma propre psyché, éclaté à l’extérieur.
Daemon serait le gardien du seuil — la figure du messager, du nom oublié, du désir qui insiste.
L’Enfant Lune serait l’objet de l'inaccessible cause du désir, à la fois présence lumineuse et trou noir du sens.
L’Âne vert serait le Nom-du-Père devenu bouffon — une figure de la Loi qui ne transmet plus que des citations vidées de sens, avalées par l’habitude.
Le Colonel serait le Surmoi ridiculisé, cassé, éreinté, mais encore droit.
Walid, enfin, serait un double, le mien peut-être... celui qui écrit quand je me mets à oublier. 


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