mardi 24 juin 2025


« Le théâtre est dans la réalité brûlante et non dans l’imitation. Ce n’est pas le reflet de la vie mais la vie dans ce qu’elle a d’irréductible, de brûlant, d’extrême. [...]
Il faut que le spectateur soit au milieu de l’action, arraché à son immobilité, cerné, secoué, saisi par une nécessité plus forte que lui. Le théâtre ne doit plus représenter mais faire.»

Antonin ArtaudLe Théâtre et son Double



 – Serions-nous de ces narrateurs qui savent qu’ils ne font que répéter la voix d’un maître qu’ils ne voient pas ou les témoins de la  "chute dans l’inauthenticité"…
– … mais nous sommes aussi, par notre répétition, les gardiens du Souvenir. Notre maître dont nous répétons les mots, c’est l’être lui-même… il ne parle jamais directement, mais toujours à travers le retrait, le masque, l’écho.
– Il y aurait donc là une triple narration… comme une triade d’interprétation.
– Le théâtre serait vu de l’intérieur par Pinocchio l’Aitre… ou l’enfant Lune… puis… de l’extérieur par nous autres les perroquets et… depuis l’origine par notre maître… C’est une structure initiatique trinitaire.
– Oui, et cela rejoint ce que certains pensentla pensée ne produit pas le sens, elle s’y laisse exposer.
– Toute cette histoire serait alors une exposition. Elle n’explique rien. Elle pourrait mettre en feu la pensée du lecteur.
– Participer au théâtre, ce n’est pas jouer un rôle…
– Que serait-ce alors?
– C’est se laisser consumer dans la vérité du feu. Les spectateurs courageux ne sont pas ceux qui regardent bien, mais ceux qui meurent à leur distance, ceux qui cessent d’être spectateurs pour devenir feu.
– Ainsi cela serait aussi une métaphore de la pensée elle-même. Penser, ce n’est pas observer, mais subir la venue de l’être.
– Comme Pinocchio l’Autre!
– C’est cela , il ne voit pas les guides, mais les suit. Il ne comprend pas, mais marche. Il n’interprète pas, mais traverse…


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