mercredi 25 juin 2025

« On ne peut continuer à prostituer l’idée de théâtre qui ne vaut que par une liaison magique, atroce, avec la réalité et avec le danger. […]
Posée de la sorte, la question du théâtre doit réveiller l’attention générale, étant sous‑entendu que le théâtre par son côté physique, et parce qu’il exige l’expression dans l’espace, la seule réelle en fait, permet aux moyens magiques de l’art et de la parole de s’exercer organiquement et dans leur entier, comme des exorcismes renouvelés. […]
C’est-à-dire qu’au lieu d’en revenir à des textes considérés comme définitifs et comme sacrés, il importe avant tout de rompre l’assujettissement du théâtre au texte, et de retrouver la notion d’une sorte de langage unique à mi‑chemin entre le geste et la pensée

Antonin Artaud, Premier manifeste du Théâtre de la cruauté, dans Le Théâtre et si double 




Il est des lieux où l’on ne joue pas la vérité, mais où elle vous défait. Il se pourrait que le théâtre véritable ne raconte rien: il vous ravit, vous retire, vous brûle. Il n’est pas un signe, mais un seuil. Là, comme dans le jardin de l’Enfant Lune, on ne traverse pas les symboles, on y est traversé. Nul ne sort indemne d’un lieu qui ne se comprend pas, mais qui vous transforme. Ce n’est pas une scène: c’est une naissance. 

– Ce théâtre qui brûle y ressemble… mais… n’est pas une allégorie. Il est l’événement même, se dit l’Enfant Lune. Comme dans ce jardin où l’homme ne se promène pas: il s’y perd pour y naître véritablement.

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