samedi 19 novembre 2016

19 novembre 2016

La Renommée, toujours à l'affût,
répandant partout le vrai et le faux(...)
 La Renommée, de tous les maux le plus véloce :
sa mobilité la rend forte,
et la marche accroît sa force ;
d'abord par peur elle se fait petite
mais bientôt s'élève dans les airs,
et, tout en foulant le sol,
elle a la tête cachée dans les nuages.* 
 


Quand la taille des deux protagonistes fut revenue à des dimensions acceptables et plus ou moins normales, ils se mirent à parler. Platon, revenu à lui, et fort de sa nouvelle et secrète personnalité, résiste à prendre flamme et demande sobrement:

– Que t'a-t-elle dit au juste ?

Socrate, quelque peu emprunté, la tête encore un peu dans les nuages et peut-être un peu malhonnête car légèrement conscient du fait qu'il ait confondu le plus humble des devoirs et son bon plaisir, lui répondit qu'il n'avait pas tout compris, que c'était là, certainement une des causes de son empressement... enfin... le dialogue qui eut lieu était purement imaginaire parce que, nous l'avons dit, le petit chien Platon ne parle pas... Mais il se pourrait que Socrate fasse preuve d'une sorte de sensibilité qui dépasse largement le commun des mortels... Nous pourrions aussi imaginer que face à l'exubérante présence de Platon, Socrate fasse preuve d'une délirante imagination... à moins que...

Ce n'est pas ce qui nous intéresse ! coupa Platon en s'étirant.

Ne jugeant pas avec l'œil inquisiteur de la présomption, le contraste entre cette clarté d'esprit et sa nonchalante décontraction était simplement fascinante.

– Ce qui compte ce sont les faits...

Cette remarque fit rougir Socrate, d'autant qu'en plus de la petite part de honte s'y ajoutait une autre, faite de plaisir qui y contribuait presque à part égale...

– Rappelle-toi sans réfléchir à ce tu as fait, tout ce qu'elle a dit peut avoir de l'importance !

Son exigence porta ses fruits.

– Je me rappelais...


* Énéide, livre IV

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