dimanche 27 novembre 2016

Un peu de vérité

« Rien ne peut être plus vrai que le moment où nous le proclamons. »

Walid Neill, , Le Passant, le Savant, l'Imbécile et la vie"
 


Baruch sourit.
–  Certes, tu sens mauvais Félicien, mais, dans le fonds, tu n'y peux rien. Te souviens-tu de ces journées d'escalade? Celles qui nous faisaient grandir en nous rendant si petits.


 «Les mortels ne connaissaient d'autres rivages que ceux qui les avaient vus naître.»

Ovide, Métamorphoses

Dans la main de l'enfant, une petite lumière vacille qui fait trembler son bras.
La cour dans laquelle Baruch était enfermé s'ouvrait vers le ciel. De lourds nuages se reflétaient dans les petites flaques irisées et se mêlaient aux odeurs âcres de la poussière humide, des matériaux à moitié décomposés et des fluides aux origines inconnues.
– Il va pleuvoir. Sans abri, à la merci du ciel, il va falloir que j'accepte l'invitation de Julius.
Baruch, en se contorsionnant péniblement, entre dans l'obscurité du soupirail. Au passage son manteau se déchire et l'un des barreaux corrompu par la rouille, se rompt. Une profonde entaille, court de la poitrine jusqu'au nombril. C'est à moitié nu et les mains pleines de sang qu'il entre dans l'obscurité.
– Mon sang ne coule plus qu'à l'extérieur. Et pendant que l'intérieur se vide et retourne à la terre, mes jambes se dérobent.

Il s'accroupit retenant de ses mains une part invisible de lui-même.
– À mes pieds je me répands.
Le sang, miroir rougeoyant, lui renvoie son image.
- Elle ne saurait être vue sans qu'elle annonce une fin prochaine.


Le petit bouc ayant trempé ses lèvres dans le sang de Baruch reprenait, un peu, goût à la vie. Sale, repoussant et tremblant il s'était remis sur ses jambes.

Walid Neill, , Le Passant, le Savant, l'Imbécile et la vie"

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