dimanche 6 novembre 2016

6 novembre 2016


– Se pourrait-il que nous puissions nous passer de penser et peut-être aussi de parler? Et qu'adviendrait-il si, subitement nous acquérions la certitude que ce qui est là sous nos yeux était aussi là, sous les yeux de dizaines de spectateurs. Que cela ne fut qu'un décors où nous-mêmes ne serions même pas là, mais qu'à notre place, dans un ailleurs, d'autres que nous prononçaient les mêmes paroles que nous...




Pendant que je m'initiais aux vertiges des fumigations et aux images obsédantes qu'elles me procuraient, mes deux compagnons, eux, préféraient se promener, complètement nus, bavardant avec le"cosmos" et inventant des jeux compliqués que seul un enfant pourrait comprendre. Chacun, à tour de rôle, assis et sans élan, lançait un caillou dans la cible mouvante qu'avait tracé dans l'eau, le jet précédent. Naturellement, cela exerçait la concentration, le sens de l'observation, la mémoire et les mouvements du corps. Mais le plus important était l'écoute du jugement de l'autre. Celui-ci jugeait, non seulement la précision du lancer, mais aussi l'élégance du geste et son harmonieuse combinaison avec le mouvement des vagues et du vent. L'exercice était difficile, tout dépendait du premier lancer, puisqu'il devenait la cible du deuxième... Mais le véritable salaire de l'exercice était dans la réaction de l'autre. Et sur ce plan-là, si les lancers se valaient, les deux hommes réagissaient selon leurs natures profondes, bien différentes l'une de l'autre. L'un ne s'emporte jamais et supporte avec flegme l'arrogance et le mépris, voire même l'injustice, et l'autre s'emporte aussi vite que le vent se lève.

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