"Pour un cœur, la vie est une chose simple : il bat aussi longtemps
qu'il peut , puis il s'arrête. Un jour ou l'autre, ce mouvement scandé
cesse de lui-même et le sang commence de refluer vers le point le plus
bas du corps où il s'accumule en une petite flaque visible de
l'extérieur, comme une tache molle et sombre sur la peau de plus e plus
blanche, en même temps que la température baisse, que les membres se
raidissent et que les intestins se vident. Ces transformations des
premières heures se font si lentement et avec une telle assurance
qu'elles ont quelque chose de rituel en elles comme si la vie capitulait
selon des règles précises, un genre d'accord tacite auquel même les
agents de la mort se soumettent avant d'entamer leur invasion du
territoire qui, elle, est irrévocable. Rien ne peut arrêter les hordes
de bactéries qui commencent à se disséminer à l'intérieur du corps. Si
elles avaient essayé, ne serait-ce que quelques heures plus tôt, elles
auraient été combattues immédiatement, mais là, tout est calme"...*

– Chantez mes amis! comme me le disait mon maître... notre maître... La musique est le chemin du retour. Écoutez comment du fonds des gouffres montent une musique en tous points semblables à celle venue du ciel...
– Obéissez, mes chers amis, ne soyez pas inquiets, selon la loi de la Raison et de la Gravité, la chute, de la naissance à la mort est chose inéluctable !
Pensez-y pendant qu'il est encore temps, profitez de ce long vol plané et regardez monter des profondeurs ces sublimes constructions qui sont le fait d'une sorte d'architecte aussi génial que méconnu...
On peut deviner le léger cynisme contenu dans le discours comme le mystère subsiste sous les manteaux...
*Karl Ove Knausgaard, La mort d'un père
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