jeudi 26 août 2021

Influences

 « La voyelle inconnue! » J'ai étudié les phonèmes de toutes les langues du monde, passées et présentes. Principalement intéressé par les voyelles qui sont comme les éléments purs, les cellules primitives du langage, j'ai suivi les vocaliques dans leurs voyages séculaires, j'ai écouté à travers les âges le rugissement de l'A, le sifflement de l'I, le bêlement de l'E, le hululement de l'U, les ronflements de l'O. Les innombrables mariages que les voyelles ont contractés avec d'autres sons n'ont pour moi plus de secrets. Et cependant, presqu'au terme de ma carrière, je m'aperçois que j'attends toujours, que je pressens toujours la Voyelle inconnue, la Voyelle des Voyelles qui les contiendra toutes..."*


Gallimard

Bise – Ce fumerolle ne me dit rien qui vaille...

– Et moi j'aimerai beaucoup savoir d'où elle sort... 

On ne sait pas qui a eu cette pensée et cette interrogation, ni comment elles se sont manifestées... Ce pourrait être l'un ou l'autre. En tous cas, de nuit ou de jour, tous deux aiment jouer avec cette forme insaisissable mais sujette à toutes les influences.


Revenons quelques instants sur la manière dont communiquent Platon avec son chien Platon, dit Platon le Petit, ou avec Daemon, le daemon comme son nom l'indique, ou encore son âne dont on ne connait pas encore le nom. En quelle langue communiquent-ils ? Et d'abord qu'est-ce qu'une langue et d''où viennent-elles?
On dit qu'il y en aurait entre six et sept milles qui sont répertoriées dans le monde, toutes, et de bien loin, ne sont point proches les unes des autre.
Le langage serait la faculté d'apprendre une langue. Mais, en ce cas pas la langue ne serait pas une langue, comme le français, l'allemand ou l'hindou ou une sorte d'entité qui engloberait toutes les langues, mais un concept particulier. Ce serait une sorte de concept qui définirait le fonctionnement et la nature de ce fonctionnement.
Nous parlons la même langue lorsque nous comprenons notre interlocuteur. Comment peut-on séparer le son d'une conversation du son ambiant, même quand celui-ci est complexe ou simplement bruyant. C'est très exactement ce qui se passe dans notre cas, entre  Platon et les autres et entre les autres entre eux, sauf que dans ce cas-ci, le fonctionnement décrit pourrait être élargi à la pensée. Une pensée, au sens large, qui se manifesterait sans l'aide du mot. Une sorte d'intention pour laquelle il faut une sensibilité qui sorte de l'ordinaire pour pouvoir la capter. Cela tombe bien, nos héros, qu'ils soient crédibles ou non, semblent en être dotés.

*
Le professeur Froeppel, Jean Tardieu
Éditions

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