vendredi 27 août 2021

Bien du temps est passé

 


 

Beaucoup de temps est passé. Bien des années après les événements, le juge Tancrède est devenu professeur.


Les quelques mots sur l'origine du texte que nous allons, ces prochains jours, soumettre à votre digne attention vous en feront, nous l'espérons, comprendre l'intention. Le texte dont nous parlons n'a pas été écrit exclusivement dans le but d'être publié. Il fait suite à ma rencontre avec un personnage étrange répondant, si j'ose dire, au nom de Julius.

 
En écrivant cet essai, je voulais savoir dans quelle mesure notre conception de la vie était compatible avec les vues, s'il est possible de dire cela à propos d'un aveugle, je parle de Julius, à propos du temps. L'admiration que j'avais pour Julius, la conviction qu'il m'apportait non seulement une nouvelle présence physique mais aussi certaines interrogations sur sa ou ses manières de penser. L'idée que sensations et philosophie seraient des domaines différents mais qui pourraient, sous un certain angle, se compléter, tout cela m'inspirait le profond désir d'essayer de pénétrer dans le monde, que je pensais obscur, de Julius. Mais cette recherche allait bientôt m'offrir un intérêt plus large. La conception du temps que semblait se faire Julius se manifestait par une expérience si directe et si immédiate qu'il semblait n'avoir aucune idée du caractère passager de ce temps. Il semblait vivre dans un présent qui me semblait, à moi spectateur complètement extérieur, comme quelque chose qui serait à la fois absolument innocent et complètement effrayant tout autant qu'immuable. Sans s'aventurer dans l'hypothèse d'un Temps absolu et primitif, comme abandonné de toutes spéculations intellectuelles, je pensais que la présence au monde de Julius s'harmonisait avec une croyance en un monde idyllique qui lui paraissait très naturelle. Julius devenait pour moi, comme pour tous ceux qui l'approchait, l'être le plus simple du monde. J'écrivis alors cette phrase qui était le point de départ de mon étude :
- Julius devenait ainsi, par son extrême simplicité, le phénomène le plus incompréhensible qui puisse exister. 

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